Vers la parité dans l’immobilier : défis et chemin à parcourir
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S’élevant à 52 %, la part des femmes dans l’immobilier connaît une croissance régulière. Néanmoins, elle varie sensiblement selon la région, la taille de l’entreprise, le poste occupé, mais aussi selon le métier de l’immobilier. Dans la gestion locative, l’administration de biens et le « property-management », la transaction résidentielle, ainsi que dans les fonctions juridiques, les ressources humaines et la communication, la présence féminine est très marquée. En revanche, les postes liés à l’ingénierie/technique et les postes de direction demeurent majoritairement occupés par la gente masculine. Bien qu’en évolution, la part des femmes occupant des postes de direction générale reste en retrait (38 %).
De nombreuses initiatives visant à promouvoir la parité au sein de l’industrie immobilière sont mises en œuvre, apportant une impulsion pour encourager la diversité et l’inclusion. Des organisations et associations immobilières, ainsi que des événements et des conférences dédiés aux femmes, des programmes de mentorat, et l’engagement des entreprises et de leurs dirigeants en faveur de politiques de recrutement et de promotion interne équitables, contribuent à cette dynamique. Toutefois, il est encore nécessaire de déconstruire les stéréotypes, d’atténuer les idées préconçues sur les compétences et les comportements ainsi que de lutter contre les préjugés inconscients. À l’inverse, de grandes sociétés de l’immobilier font aujourd’hui de la « discrimination positive » en nous demandant de privilégier une « short-list » féminine pour répondre à leur objectif de parité fixé par la direction générale, ce qui peut s’avérer difficile en raison de la rareté de profils dans la population concernée… Ainsi, la volonté d’aller vers la parité rapidement peut-elle se heurter au manque de candidatures, à moins de prendre plus de risques en, ou promouvant, des profils féminins n’ayant pas toute l’expérience requise ou la maturité adéquate, d’autant que l’accompagnement à l’intégration dans l’entreprise et son environnement est le plus souvent inadapté, voire inexistant. Ainsi, la parité parfaite doit-elle parfois patienter, quand on sait, par exemple, que la part des femmes dans les écoles d’ingénieurs oscille entre 15 % et 35 % aujourd’hui (33 % à l’ESTP) et que, pire encore, elle était inférieure à 20 % il y a 15 ans. Or, les jeunes diplômées d’alors constituent une part importante de la cible d’aujourd’hui pour des fonctions d’encadrement supérieur…
Enfin, outre l’accompagnement à l’intégration dans un environnement de travail plus inclusif, la parité nécessite d’aider les femmes à gagner de la confiance en soi, en les coachant pour qu’elles surmontent les obstacles, dont ceux qu’elles s’imposent trop souvent à elles-mêmes.
Caroline Schütz-Ferreira