Recrutement des cadres de l’immobilier : une rentrée dans les basses eaux… Avant une reprise progressive ?

Par Publié le : 16 octobre 2024Catégories : articles DVA

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La dissolution décidée le 9 juin est déjà loin, mais encore très proche puisque nous en sommes à peine au quatrième mois. La période a été riche en évènements au cours desquels nous avons pu entendre tout et son contraire : Emmanuel Macron, grand perdant des élections législatives, pris à son propre piège ayant compté sur un scission de la gauche qui n’a pas eu lieu, mais qui aujourd’hui retomberait sur ses pieds avec le nouveau gouvernement, au prix d’un risque – faible – de destitution, mais plus fort, de contestation au « déni de démocratie » dans la rue, et de renversement dans le délai d’une année.

Les promoteurs ne constatent aucune reprise et le bâtiment rentre en crise. Avons-nous touché le point bas et y a-t-il quelque espoir que la situation s’améliore ? Peut-être. Grâce à une reconnaissance tardive de la dépression par nos gouvernants, à l’opiniâtreté des Présidents des fédérations professionnelles de l’immobilier et du bâtiment, aux préoccupations des familles qui ne peuvent acquérir leur logement ni trouver une location qui leur convienne et qui le font savoir au moins dans les sondages, le logement fait désormais partie des chantiers urgents qui attendent Michel Barnier et la nouvelle Ministre du Logement et de la Rénovation Urbaine, Valérie Létard, députée centriste du nord, proche de Jean-Louis Borloo et experte en matière d’aménagement du territoire. Enfin, les français sont plus que jamais divisés en trois blocs irréconciliables…Mais ils se sont aussi tous unis, galvanisés par les Jeux Olympiques, dont tout le monde reconnaît la réussite remarquable à tous points de vue, portant l’image du pays à l’international, avec parfois quelques égratignures issues de notre goût pour l’impertinence et la provocation. La dynamique des Jeux, les infrastructures créées, vont-elles prolonger leur influence ? Et sur un autre plan, permettre à la Seine Saint-Denis de redresser sa réputation, son taux de chômage et le remplissage de ses immeubles de bureau ?

En tout cas la rentrée 2024 reste globalement dans les basses eaux avec un niveau d’activité en forte baisse depuis deux ans à fin aout chez DVA Executive Search, la plus forte chute étant intervenue en 2023. Les 8 premiers mois de l’année 2024 sont en retrait de 10% par rapport à l’année dernière.

Mais nous avons enregistré des demandes dès cette première quinzaine de septembre, qui se sont concrétisées rapidement, ce qui est une bonne nouvelle. Difficile toutefois d’en tirer quelque enseignement quant aux prémices d’une reprise.

Dans ces premières signatures de rentrée, notons tout particulièrement un directeur capital markets et un directeur marketing, en charge de la politique commerciale, marketing et communication d’un acteur majeur du conseil en immobilier d’entreprise, un directeur des opérations chez un promoteur régional réalisant 350 logements en vente en bloc pour une grande part, un directeur général pour un opérateur de parcs d’activité et de logistique de proximité, enfin, le responsable des relations institutionnelles réseaux d’une SGP.

Les contacts en cours concernent notamment le dirigeant d’un major de la gestion de biens, plusieurs postes de chef de projet en maîtrise d’ouvrage chez deux grands utilisateurs, le directeur marketing d’une enseigne commerciale, un manager pour un bureau d’études important, un directeur technique de centre commercial, un directeur du développement Ile-de-France opérations multiproduit, un directeur des investissement en immobilier logistique,  un manager transformation au sein d’une grande foncière en charge du pilotage et de la coordination des projets de mise à niveau des actifs au regard du développement durable, un directeur des investissements et de l’asset-management chez un opérateur de la logistique….Les projets ne manquent pas mais mettent du temps à se concrétiser.

A fin août les fonctions techniques, travaux, maintenance, ingénierie, bâtiment, énergie décarbonée dominent largement dans notre activité de recrutement, représentant le tiers de nos missions en valeur : chefs de projet MOE dans l’ingénierie, chefs de projet MOA pour de grandes enseignes et de grands utilisateurs, directions techniques opérationnelles chez quelques promoteurs, principalement en logistique et parcs d’activités, responsables études photovoltaïques, directeur d’opérations étanchéité, couverture, bardage…

Viennent ensuite les directions générales et de centre de profit qui totalisent près du quart de notre activité, en promotion de parcs d’activité et de logistique de proximité, dans le conseil en immobilier d’entreprise, à l’international, dans l’exploitation et le développement de résidences services d’une part, dans l’ingénierie d’autre part.

L’investissement, l’exploitation et la gestion de biens et d’actifs approchent 20% de nos missions : directeurs de centre commercial, directeurs de résidences services, directeurs asset-management et asset-managers France et Europe, dont certains orientés technique restructuration.

Les fonctions promotion de développement et programmes ont été quasiment divisées par trois depuis l’année dernière à la même époque, ne représentant plus que 10% de notre activité.

Enfin, le corporate et le commercial en totalisent 13% : responsable financier et comptable d’une grande SEM, directeur comptabilité mandants, responsable RH Mobilité à l’international, DATA Analyst…Côté commercial, uniquement en B to B à ce jour, citons la prescription et la vente de prestations dans l’ingénierie et le bâtiment.

Par métier, les promoteurs, en logistique et activités pour une grande part, restent actifs, essentiellement dans les fonctions techniques, énergie photovoltaïque et fonctions corporate. En dehors de ces dernières une fonction de dirigeant, quelques postes rescapés de programmes et développement résidentiels, du développement et des opérations en logistique, nous ont été demandés. Au total les promoteurs et aménageurs représentent 23% de notre activité en valeur à fin août.

L’immobilier du commerce et de la distribution en totalise 18%, à égalité avec l’ingénierie, l’AMO et le bâtiment. Il s’est agi, pour le commerce, de chefs de projet et ingénieurs construction tout particulièrement dans la restauration, d’exploitation de centre commercial, de transaction locative et investissement. Chez les constructeurs, on retrouve les postes construction déjà évoqués.

Les services et conseils immobiliers : gestion et exploitation de résidences services, coworking, conseil en immobilier d’entreprise, gestion d’actifs pour compte de tiers, représentent 16%.

La part des directions immobilières des grands utilisateurs a triplé depuis l’an dernier, totalisant 13% de nos signatures : directeurs et chefs de projet MOA, avec un beau poste de patron de pays en Europe pour un exploitant de résidences services. Enfin le logement social ferme la marche avec un directeur de programmes et un DATA Analyst.

Nous l’avons vu, les opérateurs en logistique sont particulièrement actifs, y compris dans leur partenariat investisseurs, quand ils ne sont pas Foncière de développement ou intégrateur de leur SGP, même si malheureusement les levées de fonds ont achoppé au cours de ce premier semestre, les institutionnels ayant fermé toutes les vannes. Il semble toutefois que les perspectives à court terme soient plus favorables grâce à l’ajustement des valeurs qui semble désormais effectif, ce qui n’est pas encore le cas en bureau, et à la baisse des taux.

Mais de plus, ils font le plus souvent preuve d’un fort engagement en matière de développement durable, créant des chartes, cherchant à concilier performance écologique et performance économique, en étroite concertation avec leur association Afilog,  ce qui se matérialise par la recherche de certification au plus haut niveau des bâtiments, qui passe par  l’installation d’équipements dédiés à l’amélioration de la performance énergétique, de panneaux photovoltaïques sur une grande partie de la surface de toiture des plateformes, la mise en place de mesure de protection de la biodiversité.

Enfin, ils proposent un accompagnement de leurs clients investisseurs sur les coûts énergétiques, les aspects environnementaux, l’ICPE, constituant pour cela une petite équipe d’expertise et de pilotage des projets sur les plans décarbonation et certification, en AMO et en consulting. Le Responsable de cette équipe énergie, développement durable et certifications, identifie les besoins de ses clients internes et externes, effectue les études d’impact environnemental, assure la conduite des projets dans son domaine, pilotant les consultants spécialisés sur les différents sujets en lien avec la décarbonisation et les certifications, réalise les études nécessaires et mène les démarches de certification environnementale.

Les professionnels recherchés sont le plus souvent issus de cabinets conseils spécialisés, de groupe d’ingénierie au sein de leur business-unit innovation, ou de contrôle technique dont l’activité s’est considérablement diversifiée ; parfois des foncières en tertiaire, bien que le transfert du bureau à la logistique soit rare. Ils sont souvent très jeunes, âgés de 30 ans et moins car l’expertise est récente et surtout les questions d’impacts environnementaux, de gouvernance, d’engagement social et solidaire sont des prérequis chez eux.

Notre nouvelle Ministre du Logement et de la Rénovation Urbaine, qui a exercé de nombreuses fonctions et mandats publics tant territoriaux que d’Etat, est sans doute à la hauteur de l’enjeu du redressement de l’économie immobilière résidentielle, et de façon générale, de la construction en France. Mais elle aura besoin de temps, de l’appui du Premier Ministre et de la stabilité gouvernementale, qui est loin d’être garantie.

Sophie Vatté et Laurent Derote

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