Le logement se réinvente
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La nouvelle année est plus difficile que jamais à prévoir dans un monde d’incertitudes affectant le marché du logement neuf, coincé entre le ZAN, le malthusianisme des maires, le resserrement des conditions de crédit et le renchérissement des coûts de construction dans un contexte inflationniste jamais vu depuis 20 ans. Pourtant, les besoins restent criants dans les zones tendues. La profession monte au créneau pour exprimer ses craintes d’un effondrement de la production et il semble que la personne publique en prenne enfin conscience.
Le coût du foncier ne baisse pas et les promoteurs sont amenés à renoncer à des opérations devenues déficitaires. Le rôle des directions financières s’accroît.
La course aux opportunités foncières continue car elle est naturellement vitale. En conséquence, les développeurs sont toujours très recherchés et nous constatons de plus, une forte croissance de la fonction « Grands Projets » (réponse aux consultations chez les promoteurs de taille intermédiaire). Elle va souvent de pair avec la création d’une entité « LAB », cellule de réflexion réinventant le produit logement (intégrant architectes et ingénieurs) afin d’apporter une nouvelle vision quant au design, à la lumière et l’acoustique, aux volumes et matériaux, à l’énergie et à la décarbonation. Enfin, les produits gérés se portent bien, ils segmentent l’offre pour répondre à de réelles attentes (montée du coliving, recherche de produits).
Quant au logement ancien, le cycle haussier s’achève sous l’effet des taux d’emprunt, des inquiétudes et de la mise sur le marché de logements classés F et G de la part de propriétaires préférant vendre que de s’engager dans des travaux coûteux et nécessitant l’accord de la copropriété. Par ailleurs, ce marché se sophistique en « B2C » avec l’émergence d’entreprises intégrées proposant des solutions pour évaluer, acheter ou investir, mais aussi gérer des travaux « clés en main ». La rénovation énergétique prend naturellement une part importante avec des recherches de cadres. Enfin, le réemploi devient une filière génératrice de nouveaux métiers, pratiqués par des ingénieurs issus de la filière bâtiment, méthode ou logistique.
Ainsi, d’une façon ou d’une autre, nul doute que les marchés résidentiels rebondiront dès que le brouillard ambiant sera dissipé, tant les enjeux sont forts et les besoins criants. Non seulement le pire n’est jamais sûr mais, en l’occurrence, il est même peu probable.
Christophe Blas