La dynamique du marché de l’emploi des cadres va-t-elle s’enrayer ?
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2022 a été une année record pour l’emploi des cadres avec plus de 308.000 recrutements et 80.000 créations nettes. 2023 resterait favorable malgré des prévisions économiques moroses. Ce qui est moins le cas dans l’industrie immobilière qui enregistrerait un recul de 7 % cette année*. Les niveaux d’exigence, en particulier chez les jeunes cadres (de débutant à 5 ans d’expérience) lesquels représentent près de 50 % des prévisions de recrutement, ont donné du fil à retordre aux employeurs, qui ont dû rivaliser d’inventivité pour attirer et retenir ces talents en potentiel : développement d’un calculateur de salaire propre en ligne pour la start-up immobilière Zefir, courtes vidéos de présentation des métiers de l’immobilier sur Tik Tok dans le réseau Orpi, suppression de la période d’essai, omission du niveau de formation requis dans les annonces afin d’éviter les biais « cognitifs », opération séduction prenant en considération la nouvelle « QVT » dont bien sûr le télétravail et l’autonomie du jeune cadre devenu un élément central, marque employeur et tout ce qui s’y rattache…
Si ces incontournables nés de la « vraie révolution post-covid » (que toutes les entreprises n’ont cependant pas le luxe de pouvoir offrir) ont permis d’attirer et de retenir des talents, les pratiques comportementales des cadres candidats au changement posent question : aller au bout d’un processus de recrutement voire signer un CDI dans le but 1er de faire pression pour renégocier rémunération et promotion, puis se rétracter auprès de l’employeur potentiel, est devenu une pratique courante qu’il faut désormais intégrer afin de sécuriser le recrutement en prévoyant le ou les candidats substituables.
Les métiers en tension, hier, ne sont plus les mêmes qu’aujourd’hui : si les postes de valorisation d’actifs, réhabilitation, conception technique/décarbonation, seront de plus en plus demandés, les développeurs fonciers courtisés par tous les promoteurs immobiliers jusqu’en 2022, voient la courbe s’inverser en ce 1er semestre 2023. Désormais, certains d’entre eux doivent envisager de se tourner vers d’autres fonctions en interne sous peine de se retrouver sur le marché. D’un autre côté, les promoteurs, en souffrance, hésitent à se séparer de leurs éléments à potentiel, ayant vécu la difficulté de reconstituer des équipes lors de la reprise, d’où l’intérêt de miser sur la mobilité interne accompagnée de formations bien ciblées et répondant au besoin des collaborateurs. Les excès observés ces derniers temps (prendre rendez-vous et ne pas s’y rendre sans prévenir) vont d’autant plus se réduire qu’il convient désormais d’être plus prudent pour changer ou faire pression sur son employeur actuel !
*Source : APEC.
Pascale Ben-Baruch Gire