Crise immobilière, source de valeur ?
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C’est de notoriété publique, le mot « crise » est décrit par deux idéogrammes chinois signifiant conjointement « dan- ger » et « opportunité ». Cela reflète bien la situation actuelle de l’immobilier, notamment résidentiel. Côté danger, à l’inflation et la hausse brutale des taux anesthésiant le marché, s’ajoutent la crise climatique et ses conséquences d’une part, une révolution sociétale et des usages d’après Covid d’autre part. C’est là l’unicité de ce qu’il faut bien appeler une crise dont la sortie s’étalera dans le temps. Côté opportunités, promoteurs et bailleurs sociaux vont opérer un des plus extraordinaires repositionnements stratégiques. Les promoteurs doivent résoudre les problèmes liés à leurs stocks invendus, réduire leur empreinte carbone ainsi qu’explorer des évolutions techniques pour réduire les coûts de construction. Ils devront aussi lancer de nouveaux produits, certains en partenariat avec des investisseurs institutionnels.
Il leur faudra plus de fonds propres, réinternaliser les forces de vente pour avoir des retours de leur clientèle sur leurs nouveaux produits, s’adapter à la rareté des opportunités foncières (de moins en moins en gré à gré, de plus en plus bâties, règlementées et sur appel d’offres). Cela favorisera les grandes entreprises et les nouveaux entrepreneurs créatifs.
Les bailleurs sociaux prioriseront soit la réhabilitation, soit la construction. La diversification sera cruciale pour compenser la diminution de l’autofinancement (dans les services tels que l’administration de biens pour le compte de tiers, dans l’aménagement, dans l’énergie avec l’utilisation de la géothermie et le développement de panneaux photovoltaïques sur leurs immeubles, vendant leur électricité). Les partenariats entre bailleurs sociaux, promoteurs, collectivités territoriales et leurs SEM/EPL devront se renforcer, coordonnés par les élus, surtout dans les régions labelisées « Territoire d’Industrie 2023 – 2027 ».
Face à ces nouveaux défis, les métiers de l’immobilier vivront de profonds changements stratégiques : redéfinition des rôles, positionnement, marketing et produits, partenariats renforcés. L’acculturation à de nouveaux métiers, notamment l’intégration de professionnels dans d’autres disciplines, devra être développée pour répondre aux besoins des opérateurs, promoteurs, bailleurs, SEM, aménageurs, spécialistes de l’efficience énergétique, chacun devant savoir parler à tous les autres.
Ces changements de paradigme susciteront une réflexion profonde parmi les professionnels sur leur avenir. Un nouveau monde se profile pour les acteurs de l’immobilier, nécessitant une adaptabilité et une vision avant-gardiste.
Sonia de Foucaucourt